Le Ramadan est à nos portes. Parmi ceux qui sont sur le pied de guerre, les services de contrôle, tous départements confondus. Auquel cas, le consommateur, rassuré par le travail accompli en amont par les autorités, peut-il faire ses courses sereinement ? Oui et non.
Durant cette période très spéciale où le budget de consommation des foyers tunisiens est consacré majoritairement à l’alimentation, mieux vaut redoubler de vigilance. Pour plusieurs raisons. La première, évidente ; les contrôleurs qui sillonnent le pays de part en part, malgré toute la bonne volonté et un travail acharné, ne pourront ni tout contrôler ni venir à bout des pratiques frauduleuses et spéculatives en tous genres. Notons que les contrôles ne surveillent que les prix réglementés et non pas les prix libres, et qu’ils combattent également tout autre forme de fraude, quel que soit le produit.
Mais il y a plus grave. Certaines manœuvres, n’étant pas encore suffisamment réglementées, échappent à la loi et donc aux contrôleurs. De quoi s’agit-il ? On vous raconte tout.
Outre l’inflation classique qui signifie l’augmentation des prix sur une période donnée, il y a une autre inflation qui porte bien son nom: l’inflation cachée. Pourquoi cachée ? Parce qu’elle est invisible.
Une pratique très répandue dans le monde, mais aussi en Tunisie, consiste à réduire la quantité du produit en gardant le même prix. Le consommateur qui a l’habitude de vérifier le prix, la date de fabrication, celle de péremption, est généralement peu regardant sur la quantité du produit emballé. Or, c’est justement à ce niveau-là que les marques font leur beurre.
Cette pratique dispose d’une appellation technique: la «réduflation». Nos lecteurs ont certainement constaté que les pots de yaourt sont plus trapus, les tubes de dentifrice remplis à moitié d’air, les morceaux de savon sont moins épais et les portions de gâteaux atrophiées. Mais encore, les biscuits «bachkoutou» dont raffolent les Tunisiens, petits et grands, sont présentés par une enseigne haut de gamme dans un seau rouge à 13 DT le kg. Eh bien dernièrement, quelques jours avant Ramadan, le seau rouge de biscuits aux graines de lin est toujours à 13 DT. Mais surprise ! Il a rétréci. Le fameux seau ne pèse plus que 850 g.
Face à cette démarche sournoise, les services de contrôle ne sont d’aucun secours. Lorsque les produits alimentaires ne relèvent pas de la liste fixée par l’Etat, les prix sont libres et les poids également. C’est au consommateur de se munir de ses lunettes ou bien d’une loupe pour bien déchiffrer les composantes des produits, leur prix, la date de péremption, mais aussi le volume et le poids pour éviter de se faire berner à tous les coups. Une fois que c’est dit, Ramadan Mabrouk !